mercredi 5 décembre 2012

HUARAZ - treck de OLLEROS à CHAVIN DE HUANTAR

Jeudi 29 novembre 2012, 17h, arrivée à HUARAZ, LA capitale de la Cordillera Blanca vers laquelle "convergent les hordes de treckeurs, conquérants de l'inutile, fous des cîmes et autres escaladeurs de tous poils"... c'est du moins ce que dit le Lonely Planet. En fait, en ce début du mois de décembre et des pluies d'après-midi, nous sommes peux, très peux d'extranjeros à arpenter les trottoirs, arcades, passages et places de Huaraz.

La ville est sympa et agréable, sans cachet particulier si ce ne sont les hauts sommets qui la ferment à l'est. Elle a subi un sort terrible en 1970 : presque complètement rayée de la carte par un tremblement de terre de force 8. Ce 31 mai 15 millions de mètres cubes de granit et de glace se déversent à plus de 300 km/h sur Yungay, petite ville située à 14 km, et y engloutissent 18 000 habitants. Huaraz subit le même sort et perd plus de la moitié de ses 30 000 habitants. Seuls 10% de ses bàtiments résistèrent. D'autres séismes eurent lieu dans les années 40 et encore avant ; la région y est - pardonnez le mot - "habituée" depuis toujours.

Notre résidence : Albergue Churup, tel 42-2584, cal Figueroa 1257, www.churup.com. Un 5 étoiles des hotels "petits budgets". 80 soles grande chambre matrimoniale avec sdb et petit dej'. Personnel très accueillant et d'excellent conseil pour les trecks : c'est son gérant qui nous met en relation avec l'arrieros qui va nous accompagner dans notre grande rando.

Arrieros : mûletier. Un personnage essentiel.

Samedi 1er décembre, 7h du matin.

OLLEROS, petit village à 3 400 m/alt. Liz, jeune femme indienne, nous attend avec un âne. Son père, l'arrieros, nous attend à une heure de là avec deux chevaux. L'âne est chargé de nos deux sacs à dos, de notre tente et de celle du mûletier, il aura cette charge jusqu'à Chavin. Le treck de trois jours peut commencer.

1er jour - samedi

Effectivement, une heure plus tard nous atteignons un hameau, Calixto Huerta Trujillo est là. Là avec deux chevaux, un poulain et deux chiens. Le cheval, Néné, est sellé et chargé de la nourriture, la jument porte les deux tentes et s'occupera du poulain qui doit apprendre la route. L'âne est celui qui ouvre la route de bout en bout. Les deux chiens seront nos gardiens. Nous gardons nos petits sacs à dos.

Et très vite ça part. A une allure à laquelle nous ne nous attendions pas. Sans un mot. Et ce sera ainsi pendant 5 heures de montée sans interruption. Légère inquiétude... ça va être comme ça pendant trois jours ?

A 13h nous atteignons le lieu du campement (Sacracancha), sur les genoux. Calixto nous y attend, couché sur l'une des couvertures de selle, fumant une cigarette. Il a le sourire : nous avons bien marché ! Et nous comprenons : en cette saison il pleut tous les jours à partir de 14 ou 15h, il est vitale d'avoir monté les tentes et mangé avant le déluge. Le cheval sellé est là pour prendre en charge le randonneur à bout de souffle. Et d'ailleurs, Calixto invite Liliane à monter le bel animal demain, quand il faudra gravir le col. 

15h, l'orage quotidien éclate, sieste sous l'abri des tentes. Il faut ensuite avoir dîné avant 19h, heure à laquelle il fera nuit noire et froid glacial. Nous sommes responsables de l'alimentaire (achats préalables à Huaraz) et de sa préparation.

Nuit réparatrice.

2e jour - dimanche

lever 5h30 (au Pérou nous sommes à l'heure solaire), départ 7h. C'est la journée exigeante sur le plan physique, le col est à 4 800 m/alt. Le paysage est extraordinaire (monts Uruashraju à 5 720m, Rurec et Cashan à 5 700m, tous trois enneigés et avec leurs glaciers), le sentier que nous montons est pré-inca. Liliane monte Néné dans les deux dernières heures  qui précèdent le col. Je monte la jument, nous croisons un petit troupeau de vaches, veaux et toros, l'un d'eux fait le méchant, la jument se cabre, j'atterri dans un voluptueux matelas de boue. C'est qu'il pleut et même qu'il neige. Le froid est terrible. Je cours (courir ? quel menteur ! je grimpe péniblement en cherchant mon souffle tous les dix pas) derrière mes compagnons humains et animaux. 4 800 m, enfin le col. J'y endurerai une onglée de la main gauche dont le douleur me conduira jusqu'au vomissement. Et ça repart pour la descente. Vamos !

Heureusement, l'énergie revient vite (je repense au travail de danse d'Elsa Wolliaston, à la capacité qu'à notre corps de se "recharger" pour peu qu'on lui fasse confiance). La descente de quelques 600m/alt est époustouflante. La haute vallée là en bas, bordée de hauts sommets, est noyée dans les nuages., le chemin s'agrippe à des pentes qui sont parfois presque verticales. C'est exaltant. Les chevaux sont devant, cette fois débarassés de tout cavalier, c'est trop pentu.

A 12h30, avec une heure d'avance sur l'horaire prévu, nous sommes au deuxième campement (Shoncopampa), au centre de la haute vallée dite "la pampa". Montage du camp, repas à peine fini et voici l'orage, plus violent qu'hier, il pleut jusqu'à 18h, le petit torrent déborde, repas, couché, dodo.

3e jour - lundi

5h30, le ciel est bien bas... P'tit dej' (ah, le café au lait chaud, quel délice !), pliage du camp. Arrivent de là-bas, de ces deux huttes qui en ces hautes altitudes sont les maisons des paysans éleveurs, deux enfants. Il a peut être dix ans et elle pas plus de huit. Vêtus de couvertures de laine, chaussés de petites bottes de caoutchoux, sans chaussettes, ils se rendent à l'école à une heure trente de marche plus bas.
Nous leur donnons des barres de céréales. La petite repart en courant, le garçon reste là, immobile. Calixto lui parle avec douceur, lui dit que l'école est une chose importante, qu'il ne faut pas y être en retard. Le garçon sourit mais ne bouge pas. Calixto va s'occuper des chevaux, je demande au gamin où est sa maison - "là-bas, un peu plus haut" - combien il a de frères et soeurs ? - "neuf" - est-il parmi les plus jeunes ? - "non, il y en a cinq plus jeunes" - et puis très vite : "ma mère est morte". Ah ! Et comme il reste encore là, je lui demande ce qu'il veut. Il me désigne nos trois grands bols en plastique blanc qui, au sol, attendent  de rejoindre nos sacs. Je les lui donne, il les prend - "muchas gracias" - et part en courant rejoindre sa soeur.
Je pense qu'il faut parfois pour vivre un immense courage, une dignité hors du commun.

Le parcours de ce troisième jour nous offrira tous les étages du retour à la vallée des villages paisibles. La pampa, désolée et glacée, les premiers arbres et avec eux les fermes isolées, les petits hameaux, puis les champs en terrasses et les premières fleurs, les villages, les premières voitures (oh, très peu !) sur la piste maintenant plus large et enfin la dernière dégringolade d'un sentier sur Chavin.

Nous nous sommes payés, accompagnés de Calixto, un super bon repas bien chaud sous la terrasse du premier resto de Chavin (tient, il pleuvait !), juste à côté des ruines que nous visiterons demain. Il est 11h30, la bière brune est délicieuse, avec Calixto nous rions, nous reparlons de la balade, c'est bon.

S'il vous prend le de la faire cette ballade, nous vous conseillons vivement de vous faire accompagner par le señor Calixto Huerta Trujillo, arriero à Olleros oú il est très connu.




























dans un prochain article : Chavin et son site pré Inca, l'un des lieux d'une des civilisations les plus anciennes des Andes (1500 à 800 avant notre ère).

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